Avortement au Bénin: Ce sujet tabou

Alors maintenant que j’ai votre attention, on va pouvoir parler tranquillement d’un sujet qui me tient à cœur : la préservation de l’Amazonie. MDR. Non, on va vraiment parler de l’avortement. Ce que c’est ? Comment ça arrive ? Et pourquoi pas, comment le provoquer. Mais ça, c’est pour ceux qui seront sages et qui liront jusqu’à la fin. 😉

  1. Qu’est-ce que l’avortement ?

Avortements
L’avortement est l’interruption du processus de gestation avant 28 semaines d’aménorrhée au Bénin. Je précise au Bénin parce-que dans d’autres pays, cette limite est placée à 22SA. L’avortement en réalité, c’est l’interruption de la grossesse à un stade où la médecine du pays ne peut pas préserver la vie du bébé. En langage médical, on parle également de fausse couche ; qui peut être spontanée ou provoquée.
La fausse couche spontanée est l’avortement qui se produit sans intervention externe visant directement l’interruption de la grossesse. La fausse couche provoquée, bah la définition se déduit aisément. Dans le contexte juridique béninois, toute fausse couche provoquée n’ayant pas été expressément indiquée par un médecin pour des raisons strictement médicales (Interruption Médicale de Grossesse) est illégale.

2. Comment ça se produit ?

Sors de mon utérus!

Les causes d’un avortement sont multiples et variées. Depuis la fécondation, jusqu’à la limite des 28SA, plusieurs mécanismes peuvent être à l’origine d’une interruption de la grossesse.
En premier lieu, il est intéressant de savoir que seulement une grossesse sur 4 est véritablement implantée. Donc si vous êtes enceinte ou que votre petite amie l’est, il y a au moins 3 grossesses (fécondations) qui sont passées sous votre nez et que la Puissance Supérieure a jugé utile d’annuler : c’est la sélection naturelle. Alors après un rapport sexuel à risque, prier ça « pourrait » (très peu, quand-même) aider. #MéthodeN°1

Deuxièmement, même quand l’œuf est implanté, il peut encore être spontanément expulsé dans les premières semaines à cause d’anomalies chromosomiques en tous genres. En gros, la même Puissance Supérieure de tout à l’heure élimine pour vous les trisomies, les handicaps et autres maladies bizarres.

Une autre gamme de causes abortives est la panoplie de causes infectieuses.

Sepsis, bacteria in blood. 3D illustration showing rod-shaped bacteria in blood with red blood cells and leukocytes

Au Bénin, les causes infectieuses sont même presque en tête de liste notamment le paludisme. On l’appelle « le grand avorteur ». En effet, qu’il s’agisse d’une infection urinaire, d’une grippe, d’un herpès ou d’une maladie que vous ignoriez (rubéole, toxoplasmose) et même un « simple » paludisme, voilà autant de raisons qui peuvent être à l’origine de l’interruption de la grossesse. Donc, si vous voulez avorter, dormez dans un marécage pendant quelques semaines, ça devrait le faire. #MéthodeN°2. Après, je suppose que si vous voulez vraiment avorter, c’est parce-que vous n’avez pas envie que votre grossesse soit révélée. Et en tombant malade, allant à l’hôpital, le secret ne sera pas gardé longtemps. MDR.

En cause des fausses couches spontanées, on a également les anomalies de formation de l’utérus de la femme, qui pourraient rendre difficile l’implantation et/ou le séjour de l’enfant. Malheureusement, ces causes ne sont pas toujours aisées à résoudre ou à contourner. Rendant le pronostic fonctionnel génital de la mère assez compliqué. Voilà la #MéthodeN°3 mais en vaut-elle la peine ?

Beaucoup d’autres causes pathologiques peuvent causer un avortement comme un diabète mal équillibré, une hypothyroidie, une maladie auto-immune et bien d’autres. Notons également que près de 20% des fausses couches spontanées sont sans cause.

Enfin, les avortements peuvent être provoqués par divers méthodes: des tisanes aux propriétés ocytociques, des méthodes mécaniques telles que le curetage, des méthodes médicamenteuses réalisées en milieu médical et des méthodes chirurgicales.


Les tisanes, souvent en vente libre dans les marchés, provoquent des contractions utérines qui peuvent conduire à l’expulsion du fœtus (mais bon, ça échoue (très) souvent).

Images choquantes
Les images qui auraient suivi pourraient choquer un public sensible et non averti. Nous préférons nous en abstenir. Merci de comprendre!

Les méthodes mécaniques consistent à détruire par « grattage » la muqueuse utérine à l’aide d’objets pointus introduits par le vagin. Ces deux méthodes sont les plus répandues en cas d’avortement clandestin mais aussi les plus dangereuses conduisant dans la majorité des cas, à des complications graves. Et pour mon expérience médicale, les femmes soit meurent, soit deviennent définitivement infertiles. Ce sont même les deux seules options. Mais bon, pour ceux qui y tiennent, voilà les #MéthodeN°4 et #MéthodeN°5.

IVG médicamenteuse
La méthode médicamenteuse (#MéthodeN°6) implique un protocole strict sur plusieurs jours, deux molécules (Mifepristone et Misoprostol) et un suivi médical rigoureux. D’ailleurs les molécules en question ne sont disponibles que sur prescription médicale exclusive et ne sont utilisées qu’en milieu hospitalier (Hihi, pas de chance !)
La méthode chirurgicale quant à elle consiste à aspirer le contenu de l’utérus à l’aide de matériel précis. #MéthodeN°7

3.  Concrètement, je fais comment pour avorter SANS MOURIR OU ETRE STERILE OU ALLER EN PRISON ?

Droit à l'avortement

Bah ce n’est tout simplement pas possible. Pas au Bénin. En effet, le code pénal béninois interdit strictement les pratiques abortives en dehors d’une Interruption Médicale de Grossesse. Une femme ayant avorté est passible d’une peine de prison allant de 05 mois à 20ans. Le practicien est aussi passible de condamnation particulièrement si la patiente subit des complications. Globalement en Afrique, il n’est pas possible d’avorter ouvertement excepté dans cinq pays qui en ont légalisé la pratique. Donc si vous pouvez, vous pouvez aller en Tunisie, au Cap-Vert, au Mozambique, en Zambie ou en Afrique du Sud #MéthodeN°8. Mais je crois que ça doit avoir son prix, et j’en reviens à ma question : est-ce que ça en vaut la peine ?

Voilà nous sommes à la fin. Si vous avez lu attentivement, on peut aisément retenir que : l’avortement est toute interruption de la grossesse avant environ 7mois de grossesse. Il peut être causé par plusieurs mécanismes, qu’ils soient voulus ou non. Et pour ceux qui voulaient savoir comment avorter, j’ai une ultime méthode (#MéthodeN°9) : utiliser le préservatif ;-). Là vous avortez avant même la fécondation, est-ce que ce n’est pas trop la puissance ça ? MDR. Et si vous avez envie d’en savoir plus sur le préservatif, découvrez notre article 10 choses que vous ne savez pas sur le préservatif !

Dans tous les cas, la question de l’avortement semble être loin d’être résolue dans notre pays. Et puis, je reste convaincue que, Le meilleur moyen d'avorter, c'est de ne pas avoir à le faire. Cliquez pour tweeter

3 commentaires sur “Avortement au Bénin: Ce sujet tabou”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *