Grossesse et vulnérabilité: 10 risques liés à la grossesse

Oui, la grossesse est un événement heureux (la plupart du temps). C’est un événement qui renforce le couple. La grossesse agrandit la famille et la rassemble. Elle apporte le bonheur et assure la pérennité de la communauté. C’est la réalisation de la volonté de Dieu (« Multipliez-vous »). Mais être enceinte, si c’est en apparence si simple, est également une période imprévisible dont l’issue ne peut être prédite. Plusieurs complications sont possibles et sont aussi graves les unes que les autres. Focus sur 10 d’entre elles.

+ Stérilité

Etonnant non ? La stérilité est une maladie multifactorielle. Même si elle n’est pas exclusivement due à la grossesse, elle peut tirer son origine de cette dernière. En effet, certaines complications de la grossesse augmentent de façon variable, le risque de stérilité après la grossesse en cours : immunisation sanguine foeto-maternelle++. De plus, plusieurs événements intervenant au cours de la grossesse (surtout de l’accouchement), notamment certaines hémorragies, peuvent conduire le gynécologue à devoir procéder à une ablation de l’utérus (enlever l’utérus). Ce qui rend alors impossible toute conception.

+ Hémorragie de la délivrance

 

C’est la première cause de décès maternel. Ce sont des saignements provenant de l’utérus et survenant dans les 24h suivant l’accouchement. Plusieurs facteurs  facilitent sa survenue   : travail d’accouchement prolongé, multiparité, pré-ecclampsie, infections, âge avancé, utilisation abusive d’ocytociques (tisanes) et pleins d’autres. Cependant, même si tous ces éléments permettent de prendre des dispositions quant à la survenue probable, les hémorragies de la délivrance restent un phénomène aléatoire n’épargnant aucune femme à priori.

+ Le diabète gestationnel

Selon l’OMS, le diabète gestationnel est « un trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie de sévérité variable, débutant ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse ».

En termes plus clairs, il s’agit d’une augmentation du sucre dans le sang. Elle soit déclenchée par la situation de grossesse, soit préexistant à la grossesse et dont les conséquences sont majorées par celle-ci. C’est une affection fréquente, surtout en Afrique, et particulièrement chez les femmes âgées de plus de 35 ans et/ou présentant un surpoids. Le diabète au cours de la grossesse présente des risques non seulement pour la mère mais aussi pour l’enfant notamment :

-la macrosomie fœtale ou un bébé de grande taille, ce qui pourrait rendre difficile voire impossible un accouchement naturel

-un accouchement prématuré ou une fausse-couche

-une détresse respiratoire à la naissance ou une cardiopathie

-une augmentation du risque de pré-ecclampsie

-des déchirures des parties intimes

+ Hypertension artérielle et ses complications

L’HTA gravidique est une augmentation des chiffres tensionnels apparaissant après 4 mois de grossesse. A moins d’exister avant la grossesse sans être diagnostiquée, la survenue d’une hypertension en réaction à la grossesse reste un phénomène encore incompris de la science. Cependant, les études montrent qu’elle peut être favorisée par :

  • Le jeune âge mais aussi l’âge avancé
  • La primiparité (la première grossesse constitue un facteur favorisant)
  • Le changement de partenaire
  • La multiparité (un nombre de grossesses supérieur à 5)

Dans le cas particulier de la femme enceinte, l’HTA peut se compliquer de pré-ecclampsie et d’ecclampsie (pouvant conduire au coma et à la mort), de saignement important, de mort fœtale et de retard de croissance du nouveau-né (nouveau-né de petite taille). Nous y reviendrons dans d’autres articles.

+ Hémorragies du premier trimestre : la môle hydatiforme

Elle correspond à la dégénerescence kystique des villosités…oublions la définition scientifique ! Il s’agit d’une grossesse où il n’y a pas d’embryon et le trophoblaste (futur placenta) se développe de manière tumorale (un cancer ??!). Dans certains cas, la présence d’un embryon peut être partielle, réduisant le risque de choriocarcinome (le cancer du placenta). Une telle grossesse n’évolue pas et l’urgence ici est de résoudre la maladie cancéreuse qui se développe : elle oblige d’ailleurs la femme à observer une fenêtre gestationnelle (ne pas tomber enceinte) de durée variable (minimum deux ans).

Les autres pathologies responsables d’hémorragies au premier trimestre sont :

-la grossesse extra-utérine : qui dans les cas les plus graves conduit à un état de choc puis la mort

-les avortements spontanés ou provoqués

+ Insuffisance rénale

L’insuffisance rénale est une diminution prolongée ou non des  fonctions endocrines et exocrines du rein, dont l’une des plus importantes est la fonction d’épuration. Elle se traduit par une diminution du débit de filtration glomérulaire avec augmentation de la créatininémie et de l’urémie par diminution de la clairance de la créatinine (ne vous cassez pas trop la tête, gardez ça comme ça). Elle peut être aiguë ou chronique, et peut nécessiter une suppléance allant de la dialyse à une greffe rénale. L’insuffisance rénale est souvent consécutive au diabète et /ou à l’hypertension artérielle. Même si elle peut se résoudre à l’arrêt de la grossesse ou du facteur causal (pré-ecclampsie++), une fois passée au stade chronique, l’insuffisance rénale devient un (lourd) fardeau pour la femme en l’absence de greffe.

+ Déchirures vulvo-périnéales et vaginales

Il s’agit de solutions de continuité intéressant les formations labiales et muscles du périnée ou les différentes parois du vagin. Plus simplement, ce sont des blessures des parties intimes, pouvant intéresser la vulve (la partie externe de l’appareil génital), le périnée (les muscles qui permettent de retenir les urines ou les selles) ou le vagin. Elles sont pour la plupart dues à des  dysproportions foeto-pelviennes (gros bébé ou bassin trop étroit), des manœuvres obstétricales, un accouchement long et difficile ou mal accompagné. Ces déchirures peuvent être incomplètes et de cicatrisation facile ou peuvent être complètes rendant le pronostic moins favorable. Au long terme, et même après réparation, les déchirures peuvent être à l’origine de séquelles : douleurs lors des rapports sexuels, fuites urinaires ou de selles, mauvaise cicatrisation, troubles de la libido, la frigidité.

+ Hémorragies du troisième trimestre

Les saignements vaginaux après  six mois de grossesse constituent une urgence  pour la mère mais aussi pour l’enfant. Ils sont souvent liés à un vice d’insertion du placenta et, non vus (ce qui est d’ailleurs souvent le cas), deviennent de véritables hémorragies cataclysmiques menant au décès de la mère et de l’enfant. Dans les meilleurs des cas, elles entraînent une souffrance fœtale, un retard de croissance et parfois une stérilité ultérieure de la femme.

+ Infections

 

Les risques infectieux sont nombreux au cours de la grossesse. Elles mettent en cause le déroulement de la grossesse, sa durée, le cours de l’accouchement et le pronostic fœtal comme maternel. En effet, la grossesse peut favoriser la survenue de certaines infections notamment les infections urinaires et inversement les infections lorsqu’elles surviennent ont un impact négatif sur celle-ci. De plus, certaines situations pathologiques accroissent le risque infectieux (diabète gestationnel par exemple). Une fois présentes, les infections présentent des conséquences graves pour l’enfant : malformations, infections néonatales, accouchement prématuré, souffrance fœtale, avortements. Elles peuvent se généraliser et entraîner chez la mère un sepsis parfois mortel.

+ La pauvreté

En effet, qu’on le veuille ou non, la grossesse c’est tout un budget. La grossesse c’est les frais de consultation, c’est toutes les analyses que vont  vous prescrire la sage-femme et le gynécologue, tous les médicaments que vous devrez prendre (pire, s’il y a une ou plusieurs des pathologies sus-citées), les frais d’hospitalisation, même les dépenses qui seront effectuées pour satisfaire les caprices de madame et bien d’autres. Par conséquent, lorsqu’il a manqué ne serait-ce qu’un minimum de préparation financière, il est très facile de se retrouver acculé par les différentes dépenses et par ricochet, dans une précarité financière relative. Et vous n’imaginez pas le nombre de femmes et d’enfants qui meurent dans nos hôpitaux par manques de moyens financiers.

Encore que, la grossesse ne s’arrête pas à l’accouchement : il faut s’occuper du bébé (vêtements,alimentation, frais de santé etc).En résumé, les retombées financières constituent l’un des risques malheureusement méconnus mais les moins négligeables et probablement les plus lourds de conséquences pour le couple lors de la grossesse.

+ Preparer et bien suivre une grossesse

 

En conclusion, la grossesse est une période hautement à risque dans la vie d’une femme. Elle peut mourir ! Il ne s’agit pas ici de décourager les naissances car avant tout, elles constituent un tournant nécessaire et une source de bonheur. Cependant, n’oublions pas qu’une préparation adéquate à toute chose permet d’anticiper et de donner le meilleur pronostic possible. Le personnel médical est préparé à envisager pour vous toutes les éventualités et à vous prendre en charge en toutes circonstances.

D’où l’importance de faire suivre convenablement sa grossesse. D’écouter les conseils de la sage-femme ou du gynécologue et de suivre leurs recommandations (et uniquement les leurs !) à la lettre. Et si vous n’êtes pas prêt(e) à franchir ce pas, vous pouvez toujours vous rapprocher du service de planification familiale le plus proche de vous.

 

 

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