LE COMPLEXE D’ŒDIPE : Les désirs interdits

« Fils à maman ! » « Fille à Papa ! » « Les filles sont toujours trop proches de leurs pères ! » ; « Voilà quelqu’un qui n’a pas fini de résoudre son complexe d’Œdipe ». Combien sommes-nous à avoir déjà entendu ou tenu nous-mêmes ce genre de discours? D’où nous vient ce savoir qui nous permet de déterminer si une relation filiale est dans l’excès ou non. Vous êtes-vous déjà demander d’où vous venait cette réflexion ? Pourquoi certains enfants ou même adultes ont cette tendance à préférer un parent à l’autre quand bien même le second ne les maltraite pas ?  Cette réflexion nous vient de Freud et de son fameux complexe d’Œdipe. EH oui, vous l’avez compris aujourd’hui on s’attaque à la psychanalyse de Freud et à cette théorie qui constitue un des piliers de cette discipline née au 19ème siècle.

Freud dit lui-même de cette science qu’elle est « la troisième blessure narcissique infligée à l’humanité ».

INTRODUCTION A LA PSYCHAnaLYSE écrit par Freud en 1916,

La psychanalyse est une science créée par Sigmund Freud (1856-1939). C’est une méthode de traitement de la souffrance qui cherche à traduire la signification des conflits restés inconscients. Elle est sur le plan des idées, une théorie de l’inconscient. En gros la psychanalyse est la science qui s’intéresse à toutes les activités qui se déroulent dans notre inconscient.

Quel est le rapport avec ce fameux complexe d’Œdipe ?

Freud en établissant ses théories de la psychanalyse réfléchira à ce qu’il appellera les stades de l’enfance. Mais avant qu’on introduise ces différents stades de l’enfance; il faut que je vous explique les bases de la psychanalyse.
Pour Freud, le psychisme humain est composé en gros de trois éléments. Il les a appelé l’inconscient, le conscient et le préconscient. Notre inconscient serait tout le temps en proie à nos pulsions primaires. Les plus fréquentes sont les pulsions sexuelles: la libido. Eh oui quand on dit que le sexe dirige nos vies !!!!!!! Freud il y avait pensé depuis ! Ce sont elles qui seraient à l’origine de tous nos actes inconscients. Ces pulsions ne s’exprimeraient jamais de façon claire par le conscient. Elles ne peuvent atteindre le conscient sans être refouler par ce que Freud appelle la censure.

Selon Freud les impacts de la pulsion s’expriment chez l’être humain à chacune des phases de sa vie. Le complexe d’Œdipe qui se définit ici comme l’attirance sexuel d’un enfant envers son parent de sexe opposé n’est ici que l’expression du contrôle continue de la pulsion sexuelle sur notre inconscient et ce dès notre plus jeune âge. Alors revenons à ces stades de l’enfance.

Ce sont les stades de l’évolution de l’être humain depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte.


Freud en dénote cinq. Le stade oral, le stade sadique-anal (laissez tomber ça n’a rien avoir avec ce à quoi certains pensent ici). Le stade phallique ou complexe d’œdipe auquel nous nous intéressons, la période de latence et le stade génital. Pour Freud ce sont des stades libidineux, tous poussés par la sexualité infantile des enfants.

Le Stade Phallique ou complexe d’Œdipe.

Oedipe contre le Sphinx

La théorie de Freud est largement inspirée par un récit de la mythologie grecque : le Mythe d’Œdipe.

Selon le récit d’Homère, Œdipe est le fils du Roi Laios et de la reine Jocaste du royaume de Thèbes. Comme il était de coutume, le roi alla consulter l’oracle sur l’avenir de son fils. Celui-ci va lui livrer une prédiction terrible. Son fils tuera son père et épousera sa mère. Le roi Laios pour échapper à ce destin macabre et honteux décida l’impensable. Faire percer les pieds de son fils et l’abandonner dans les montagnes. Celles qui étaient près du royaume de Corinthe pour y être dévorer par les bêtes sauvages. Mais l’enfant fut retrouvé par des bergers qui l’amenèrent au roi de Corinthe Polybos. Lui qui avec sa femme Périboea n’avaient jamais pu avoir d’enfant. Le roi et la reine de Corinthe adoptèrent Œdipe et l’élevèrent comme leur propre fils.

Œdipe grandit et voulut lui aussi connaitre sa destinée. Il consulta alors l’oracle de Delphes. Celui ci lui dit qu’il était destiné à tuer son père et à épouser sa mère. Affolé et ignorant que le roi Polybos n’était pas son vrai père Œdipe décida de quitter Corinthe. Durant son trajet il prit par les chemins étroits qui menaient à Delphes. Il y fit la rencontre d’un homme hautain qui lui exigea le passage. Œdipe excédé par ce personnage qui ne respectait pas son titre de prince, dégaina son épée et tua le personnage. Celui ci n’était autre que le roi Laios son père. Une fois le personnage écarté, Œdipe se dirigea vers la ville Thèbes. La ville était sous la coupe d’un monstre sanguinaire au corps de lion et à tête de femme : le Sphinx. Cette créature tuait tous les passants qui ne pouvaient résoudre son énigme. Quel est l’animal qui a quatre pattes le matin, deux à midi, et trois le soir? 

Grace à Œdipe aujourd’hui tout le monde en connait la réponse. Suite à sa réponse juste Thèbes fut libéré du Sphinx et fit d’Œdipe son roi. La veuve du roi qui n’était autre que la reine Jocaste lui fut donné en mariage. Ensemble ils eurent plusieurs enfants. Et c’est ainsi qu’Œdipe malgré lui accomplit la prophétie de l’oracle.

Le Complexe de la castration

C’est de ce mythe que Freud s’inspire lorsqu’il parle du stade phallique qui dure de 3 à 5 ans. C’est le stade au cours duquel l’enfant s’intéresse à la sexualité, aux organes génitaux. Aux siens et aussi à ceux des autres. Il prend conscience lorsqu’il est un garçon de la présence de son attribut mal. Mais prend aussi conscience de l’absence de celui-ci chez la fille. C’est ainsi que selon Freud naitra en lui le complexe de la castration. C’est à dire la peur de perdre son propre sexe. Freud continue sa théorie à travers une analyse que beaucoup après lui jugeront de sexiste. Pour Freud la fille s’identifie à ce niveau par l’absence chez elle du sexe masculin seul organe génital qu’elle connaisse. Absence qu’elle verra ensuite comme un handicap selon Freud. Son complexe de la castration va se percevoir plus comme le désir inassouvi d’obtenir ce sexe. Elle ne pourrait alors assouvir qu’en essayant de s’accaparer le parent de sexe opposé qui possède objet de ses désirs. Certains psychologues trouveront cette analyse misogyne. Car reléguant l’évolution de la femme à une recherche de l’appropriation des attributs masculins, déniement de sa propre anatomie. Ici le complexe d’Œdipe chez la fille prend le nom de complexe d’Electre selon Carl Gustav Jung.
C’est aussi durant cette période que l’enfant cette fois ci va vouloir s’approprier l’attention entière du parent de sexe opposé. Car celui-ci, il l’a remarqué partage son attention entre lui l’enfant et le parent du sexe opposé. C’est par ce fait que l’enfant va développer sa jalousie envers le père, chercher à l’éliminer, à l’écarter.
D’ailleurs toute cette analyse Freud la fera en se basant sur ses propres expériences. Il écrira ainsi à FLIESS en 1897 : 

Le phase d’identification

« J’ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour en vers ma mère et de jalousie envers mon père. Sentiments qui sont, je pense, communs à tous les enfants. »

Wilheim Fliess (1858-1928), médecin oto-rhino-laryngologiste allemand, ami de Freud

Le complexe d’Œdipe ne s’exprime pas de la même manière selon qu’il s’agisse du garçon ou de la fille .

Bien que les deux aient en commun au début de la phase phallique l’amour envers la mère. En effet c’est le premier objet d’investissement libidinale.
Chez le garçon deux types attachements vont se créer envers le père en parallèle de l’attachement envers la mère. D’abord un désir profond d’imiter le père envers à qui il ressemble. Puis un sentiment de jalousie et de crainte. Ils sont dus au fait que celui est supérieur à lui et est l’objet de désir maternel. Cette compétition n’est pas réelle mais complètement fantasmatique
Chez la fille plutôt il va arriver un changement d’objet d’amour. En effet selon Freud la petite fille va commencer à éprouver un sentiment de négation envers la mère. Car elle la considère comme castrée, et l’accuse de ne pas lui avoir donner de pénis.

Même s’il existe aussi ce que Freud appelle l’Œdipe inversé. L’enfant va éprouver attirance envers le parent de même sexe et considérer le parent de sexe opposé comme un rival.

La sortie de l’Œdipe se fait par la compréhension du côté de l’enfant que le statut de l’individu n’est ni d’avoir tout l’amour ni de ne rien avoir mais d’être dans une situation intermédiaire où il comprend et accepte que l’amour que ses parents ont entre eux ne va pas supprimer l’amour qu’ils ont pour lui.


Même si le complexe d’Œdipe et la psychanalyse en général ont été longtemps et sont toujours critiqués par bon nombre de scientifique, tant de par leur contenu que de par leur scientificité. Il reste néanmoins une théorie qui reste encore largement réutiliser par les scientifiques et les psychologues de l’enfance.
Freud reste un précurseur car il a réussi à mettre un nom sur un des phénomènes les plus ambivalents. Phénomène qui touche le noyau de la société : la famille.

Aujourd’hui le complexe d’Œdipe est entré dans la culture populaire. On en parle souvent aujourd’hui de façon tout à fait édulcoré en omettant le caractère sexuel que Freud y assimilait. Mais néanmoins il a le mérite de permettre de mettre une réponse à la question de l’ambivalence des relations filiales.
Une ouverture je pense n’a pas été faite par Freud dans son analyse. D’autres conceptions de l’Œdipe et notamment de l’Œdipe inversé sont émises. Elles le définiraient comme l’attachement du parent de façon excessive à son enfant de sexe opposé. Peut-on réellement parler ici de complexe d’Œdipe même inversé ? En effet qu’en est-il de l’inceste ? A votre avis tel qu’expliquer le complexe d’Œdipe pourrait-il être à l’origine de ce grand tabou ? Le débat reste ouvert …………….

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